pollution afrique

En juillet 2022, les autorités guinéennes ont instauré « la Journée civique de l’assainissement général » : tous les premiers samedis du mois, les guinéens s’engagent à nettoyer les déchets qui jonchent les rues de leurs communes. Et le 5 août dernier, c’est la fédération professionnelle des orpailleurs qui est montée au créneau à Siguiri, dans le nord-est du pays.

Cela devient presque une tradition en Guinée : depuis un an, associations, collectifs ou simples citoyens répondent à la demande des autorités, en ramassant, chaque premier samedi du mois, les détritus qui salissent leurs villes et leurs villages.

Les autorités – qui aspirent à faire de Conakry « la perle de l’Afrique » – cherchent à lutter contre la prolifération des déchets dans les rues tout en sensibilisant l’opinion publique à ces enjeux. Une démarche qui a reçu un accueil enthousiaste, avec un réel engouement de la société civile : en effet, entreprises, syndicats ou organisations professionnelles ont aussi trouvé là une occasion de mieux se faire connaitre tout en popularisant leurs activités.

Une initiative qui s’inscrit dans une véritable dynamique africaine : depuis quelques années, plusieurs pays africains ont fait de la lutte contre la pollution de l’environnement une priorité politique, à l’instar du Rwanda, qui a purement et simplement interdit tous les emballages plastiques depuis quatorze ans. D’ailleurs, en septembre 2022 à Dakar, les ministres de l’Environnement de 54 pays africains se sont « engagés à intensifier leurs efforts en matière de lutte contre la pollution par les déchets sur le continent ».

L’engagement de l’Unog et de Tidiane Koita

Et le 5 août dernier en Guinée, c’est la puissante fédération des orpailleurs – qui rassemble tous les acteurs du secteur de l’or – qui a rassemblé ses militants pour un nettoyage de fond en comble de la ville de Siguiri. La ville est en effet l’épicentre de la zone aurifère guinéenne, et sa gare, véritable vitrine de la ville, souffrait d’une mauvaise image à cause des saletés et des déchets accumulés dans le quartier depuis des années.

Sur la télévision guinéenne, on a pu ainsi apercevoir plusieurs dizaines de volontaires, balais et pelles à la main, ratisser le parvis de la gare pour lui donner une nouvelle jeunesse.

Une démarche qui s’inscrit dans la politique environnementale de « l’union nationale des orpailleurs guinéens » : son président, Tidiane Koita – en lice pour briguer un second mandat – a orienté une grande partie des moyens humains et financiers de l’UNOG pour la protection de l’environnement et la lutte contre les « externalités négatives » provoquées par l’orpaillage et les mines. Une démarche nécessaire, entreprise depuis 2020 et l’arrivée de Tidiane Koita à la tête de la fédération, avec de bonne chance d’être réélu à son poste.

En effet, la Guinée avait connu une véritable « ruée vers l’or » ces dernière années quand plusieurs filons ont été découverts dans l’est du pays. S’en est suivi l’apparition de centaines de sites d’exploitation dans une ambiance « far west », souvent au détriment des lois guinéennes sur la protection de l’environnement. Une tendance corrigée par la fédération professionnelle, qui tente désormais de faire du secteur de l’orpaillage guinéen un « bon élève » de la protection de la nature.

En participant à la journée civique d’assainissement, les orpailleurs de Guinée déploient leur nouvelle stratégie de responsabilité sociale et environnementale en l’élargissant à toutes les formes de pollutions, y compris celles qui ne sont pas provoquées directement par les chercheurs d’or. Une bonne nouvelle pour la Guinée.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here